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Quatre mots

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À Inga et Kirill, premiers lecteurs de ce livre

Avant-propos I

Ce livre contient des poèmes écrits durant l’automne 2019. En fait, à ce moment-là j’ai voulu écrire de la poésie d’une manière différente. Les poèmes que j’avais écrits jusque-là, inspirés d’Homère ou de Cavafy, ne suscitaient aucune émotion chez mes lecteurs. Je publiais ces poèmes sur mon blog ou les envoyais à mes amis. Les amis répondaient poliment qu’ils avaient besoin de relire le texte pour le comprendre.


Alors j’ai décidé de prendre une direction opposée. J’ai commencé à lire de la poésie américaine contemporaine. Cette poésie est très attachée aux objets qui nous entourent, à la terre, aux gens, à la vie quotidienne, à la famille, aux souvenirs, à l’enfance. En revanche, on n’y citera pas plus que cela Pindare ou Sophocle. J’ai trouvé cette approche inspirante.


Sitôt dit, sitôt fait. J’ai acheté le tutoriel « Comment écrire de la poésie  » du poète Sandford Lyne. Un des exercices consistait à prendre quatre mots aléatoires, puis à écrire un poème à partir de ces quatre mots.


Une condition était que les quatre mots soient présents dans le poème sous n’importe quelle forme et dans n’importe quelle acception. Une autre condition était : ni rime, ni mètre. L’auteur du tutoriel préconisait d’écrire en vers libres avec une composition de lignes et de strophes variée.


Tous les jours pendant deux mois et demi, j’ai fait l’exercice de quatre mots. Il en est sorti environ soixante-dix poèmes.


Un beau jour, à l’été 2020, lors de la pandémie, nous chattions de tout et de rien avec mon fils Kirill. Entre autres, il me demanda si j’avais écrit récemment quelque chose de nouveau.


« Non, je réponds, mais puisque tu me le demandes, je me souviens que j’ai écrit soixante-dix poèmes en vers libres l’automne dernier. »


« Soixante-dix poèmes ?! Et tu ne m’en as rien dit ?! s’étonne-t-il.


— J’avais réellement oublié, dis-je. Mais si tu veux, je pourrais te les envoyer, d’autant plus qu’il y a pas mal de poèmes qui parlent de toi. »


Mon fils a lu les poèmes et ils ont produit sur lui une forte impression. C’est comme si j’avais vécu ta vie, m’a-t-il dit le lendemain.


J’en parle à Inga. Elle réagit : « Mais pourrais-tu me donner aussi tes poèmes? — Bien sûr. »


Deux heures plus tard elle me déclare: « Kirill a raison. C’est un roman de la vie, c’est un livre tout prêt. »


J’ai été étonné par l’effet produit par ces lectures, mais je ne pouvais douter de la sincérité des paroles de ma femme et de mon fils.


Voici le livre tout prêt.

11 avril 2021, Fontenay-sous-Bois

Avant-propos II

Le domaine de recherche de mon père était la reconnaissance automatique de la parole. La coopération scientifique internationale était bien en marche et il arrivait souvent que des chercheurs de l’étranger viennent à la cité académique de Novossibirsk pour un colloque ou un stage. Ainsi, mon père travaillait avec des Allemands, des Suédois, des Japonais — mais avant tout avec des Français. Pour ne pas être limité au seul usage de l’anglais dans ses échanges, papa se mit à apprendre la langue de Descartes.


Il se procura des enregistrements du célèbre cours de Gaston Mauger et commença à répéter des phrases après les voix masculines et féminines aux modulations soignées de jadis : « Est-ce un crayon? — Non, ce n’est pas un crayon. C’est une serviette. » Ou encore: « Voici le visage de Pierre Vincent. Il n’est ni beau ni laid. Pierre a une grande bouche, des oreilles larges, un front haut, un nez pointu. — A-t-il aussi une langue ? — Mais oui ! Elle est dans sa bouche. » Voire: « Maman ! Notre chat partira-t-il à Paris avec nous ? — Hélène ! Tu es trop bavarde. »


J’avais onze ans et je rôdais autour brûlant de curiosité. Mon père ne tarda pas à m’inviter à le rejoindre sur son canapé marron à côté de l’imposant magnétophone à bobines « Dnipro ». Il fallut reprendre le cours dès le début, et nous répétâmes l’un après l’autre : « C’est un livre. C’est un calendrier. C’est une horloge. Ce stylo est-il noir ? — Non, il est bleu. »


Lorsque, plusieurs années après, je venais dans mon premier pays francophone — ce fut la Belgique — mes interlocuteurs parurent amusés. Il s’avéra que je parlais ce français des années cinquante que j’avais appris d’abord dans Mauger, puis dans Jean-Paul Sartre. Je connaissais le mot rectangulaire, mais pas le mot voiture : je disais auto.


Malgré quelques progrès faits depuis, il va de soi que j’ai eu besoin de faire relire ma traduction en français de ce recueil de poèmes. À cet effet, j’ai envoyé le manuscrit à mes connaissances françaises et belges qui m’ont fait un retour précieux et pertinent. Je tiens à remercier chaleureusement Renato Bazzarini, Jacques Delcourt, Guillaume Dubach, Véronique Mischke et Paul Schwander pour leur relecture attentive et bienveillante.


Par ailleurs, il m’a paru utile d’ajouter, pour l’édition française, quelques notes de bas de page concernant des personnages ou réalités d’une époque et d’une contrée lointaines.


Il existe une heureuse tradition en Belgique et en France, celle de collaboration entre poète et artiste. Cette création commune acquiert une signification toute particulière lorsque l’artiste est elle-même un des personnages du recueil de poèmes. Les illustrations de Natalie Fridberg (Sokolova) ont été remaniées avec soin pour cette édition. La jonction de ces dessins et aquarelles avec la poésie devient, comme disait Séféris, une invisible rencontre des courants chauds sous la glace des mers.

Anatole Velitchko

9 octobre 2021, Fontenay-sous-Bois


Quatre mots seulement

Corneille

mère pièce rideau grand-père

Ma mère m’amenait parfois chez mon grand-père.

L’appartement où il vivait avec ma grand-mère

Était angulaire : une fenêtre donnait sur la cour

Et l’autre, sur les berges de la rivière,

Ou, plus précisément, de la mer artificielle

En amont du barrage hydroélectrique.


Les rideaux de l’appartement

Éveillaient ma curiosité.

Ils étaient complètement passés de mode

Même en ces temps-là :

Tricotés de fil blanc,

Avec des bordures à franges.


Mon grand-père était austère,

Mais parfois il me gâtait

En me donnant quelques pièces de monnaie

Pour une crème glacée et un soda.


Les valeurs des pièces

En ces jours étaient curieuses :

Un, deux, trois,

Cinq, dix, quinze,

Vingt et cinquante kopecks.

Cette suite était couronnée

Par la plus grosse pièce

Qu’on appelait « rouble de fer ».


Le soir, ma grand-mère me couchait

Sur un matelas dur à même le sol.


« Prends l’habitude, tu seras soldat ! me disait-elle. »


J’avais du mal à m’endormir

Dans ces conditions

Et longtemps je suivais des yeux

Les lumières des autos

Qui tournaient devant le barrage

Avec un bruit propre à cette époque-là

Et les images difformes des rideaux tricotés

Qui couraient le long des murs et du plafond.

19 septembre 2019


plis feuilles froid campagne

En Sibérie la fin de l’automne tombe en octobre.

Il neige souvent le jour de mon anniversaire.

Ce n’est pas encore de la neige permanente,

Elle fondra.

Mais aujourd’hui les plis des feuilles mortes

Sont remplis de cristaux blancs.


Je marche sur les feuilles.

Elles craquent sous mes bottes en caoutchouc,

Et je réfléchis distraitement

Qui de mes camarades de classe

Viendra me rendre visite ce soir,

Et puis je pense

Comme il doit faire bon par ce temps

D’être à la campagne.


Je n’ai jamais vécu dans un vrai village.

Je me l’imagine

D’après les poèmes de Sergueï Essenine

Ou les nouvelles de Vassili Choukchine.

Mais j’aimerais tellement qu’il y ait un village

Avec ses huttes, ses clôtures,

Avec l’or des bouleaux et des trembles

Sur les berges d’une rivière ou d’un étang

Un jour neigeux d’octobre.

Ce serait ma fête secrète.

20 septembre 2019

crépuscule cœur froid argent

Ce fut un crépuscule d’hiver.

Mon cœur bondissait de joie :

Natacha, la fille dont j’étais amoureux,

S’était inscrite aux cours de tennis.

Les cours se passaient le soir

Et elle m’avait autorisé à la raccompagner

Jusqu’à l’entrée de son immeuble.


Je vins en avance et je l’attendis dans le froid.

Lors de cette attente, je ne voyais rien autour de moi,

Fixant la porte du gymnase.


Mais quand enfin elle sortit,

Tout devint d’un coup argenté :

Et les monceaux de neige

Et les réverbères

Et la légère vapeur de son souffle

Et le motif brodé de ses mitaines en laine

Avec lesquelles elle protégeait le visage

De telle façon qu’on ne pouvait voir

Que ses yeux

Avec des cils noirs bordés d’argent.

21 septembre 2019

mains ciel lacet pleuvoir

Début de l’automne.

Les mains de ma fille de trois ans sont froides.

Le ciel est bleu, même s’il vient de pleuvoir avec force :

En Sibérie le temps change brusquement.

Je renoue le lacet de la petite bottine de ma fille.

Je n’ai encore aucune idée de ce que me réserve l’avenir.

22 septembre 2019

peinture vestibule libellule voix

J’étais sorti de l’hôpital psychiatrique

Au milieu de l’hiver sibérien

Avec ses gelées impitoyables.

J’avais vingt ans.

Mon histoire était un mélange

D’éléments divers : mon incapacité

À faire face aux problèmes de l’âge adulte,

Dépression et surmenage au travail.

S’y rajoutaient certaines circonstances politiques

De cette époque difficile.


Après m’avoir libéré, on m’enjoignit

De me présenter au dispensaire de la ville

Afin de recevoir

Une assistance médicale supplémentaire.


Le vestibule du dispensaire était décoré

D’une peinture murale : lac aux libellules.

La couleur du lac était verte, apaisante.

La tension nerveuse m’abandonna peu à peu.


La jeune femme médecin au cabinet

Feuilleta mon dossier médical

Et fronça ses sourcils noirs.


« Je ne comprends pas, dit-elle

D’une voix mélodique et grave,

Pourquoi vous ont-ils prescrit tout cela,

Ces médicaments puissants aux effets incertains ?

J’ai pourtant l’impression

Que vous êtes un jeune homme

Parfaitement normal. Vous souffrez juste

De surmenage et de stress.

Tout ce dont vous avez besoin

C’est d’une bonne psychothérapie.

Voici les coordonnées du thérapeute à l’université.

Allez le voir. »


Je remerciai la jeune femme

Et descendis dans le hall aux libellules.

Ce furent les premières paroles

D’humanité et de compassion

Qui m’eussent été adressées

Depuis si longtemps.

23 septembre 2019

insectes porte étang d’où

Au centre de loisirs

La porte du sauna donnait directement

Sur la jetée en planches de bois

D’où l’on pouvait sauter tout nu

Dans l’eau fraîche de l’étang.


Seuls les insectes pouvaient voir

La beauté d’un jeune corps.

Mais sommes-nous en mesure d’imaginer

Ce que voient les insectes

Et ce qu’est pour eux la beauté ?


Le sauna était de type finlandais :

Vapeur sèche et température qui pouvait atteindre

Jusqu’à cent quatre-vingts degrés.

Une vraie fournaise.


Avant d’y entrer

J’enlevai tous mes vêtements.

Une seule chose que je ne voulus pas ôter :

Ma croix de baptême en aluminium,

Suspendue à mon cou par un cordon.


Je m’assis sur le banc du sauna.

Le thermomètre indiquait cent quarante.

Quand je me levais pour courir me jeter dans l’étang,

La croix en métal se balança

Puis se colla du côté gauche de ma poitrine

Laissant une brûlure.

24 septembre 2019

brosse chuchoter visage vérité

Lors de mon premier mariage

Ma femme

(Nous étions tous les deux très jeunes)

Me chuchota un jour à l’oreille

Que je pourrais mettre

Moins de dentifrice sur ma brosse à dents.


Mon visage rougit.

Je ressentis un vif sentiment d’humiliation.

C’était la pure vérité

Que j’avais une propension à la prodigalité.

Mais le dentifrice ! la brosse !

Et en plus, c’était moi qui ramenais l’argent à la maison.


Évidemment, nous n’avons pas divorcé

Pour des choses aussi futiles.

Pour notre séparation nous avions des raisons

Bien plus graves et profondes.

26 septembre 2019

gloire arrêt silence lumière

Sur l’avenue de la Gloire

Qui traverse les quartiers résidentiels

À la périphérie de Saint-Pétersbourg

Il y avait un arrêt du bus N°116.


Derrière s’étendait un grand terrain vague

Ceint d’un mur de béton

À moitié écroulé

Sur lequel figurait un graffiti

En énormes lettres rouges :

«Gang d’Eltsine au tribunal!»


Par un clair matin d’été

Je restais là en attendant le bus.

Il n’y avait personne autour —

Seulement silence et lumière.

27 septembre 2019

table papillon nuage poème

Depuis déjà quelque temps, j’écrivais

De la poésie rimée en langue russe.

Chaque jour, rentrant de l’école,

Je m’asseyais à mon bureau,

Sortais d’une pile de papier à lettres

Prévue à cet effet, une feuille

Et me mettais à composer un poème.


C’étaient les meilleurs moments

De ma jeune vie.

Rien ne pourrait être comparé

À l’état dans lequel j’étais plongé

Lors de cette création poétique.


Un soir au tout début de l’automne

Je ressentis une poussée d’inspiration

Particulièrement intense.

Une sorte d’envol musical

Se produisit en moi.

Je m’assis à la table, attrapai un crayon

Et presque sans ratures ni corrections

D’un trait j’écrivis un poème

A propos duquel

Je réalisai tout de suite :

C’est mon chef-d’œuvre, c’est

Le meilleur que j’ai écrit jusque-là.


À la maison, tout le monde dormait.

Je me faufilai dans la cuisine

Et dérobai une cigarette

Dans le tiroir de ma grand-mère.

Maintenant je suis un vrai poète

Comme Maïakovski ou Mandelstam.

Je dois donc fumer comme eux le font

Sur les portraits accrochés

Au-dessus de mon bureau.


De retour dans ma chambre,

Je m’assis sur le rebord de la fenêtre,

Allumai la cigarette,

Exhalai un nuage de fumée.

J’étais un fumeur débutant

Et ma tête se mit à tourner.


Quoique, ce vertige était dû moins

À l’effet du tabac corsé

Qu’à mon incroyable réussite poétique :

Sous la lampe de bureau

Il y avait une feuille de papier ligné

Couverte d’écriture au crayon

— un miracle !


Un papillon nocturne tournoyait sous la lampe.

Je l’éteignis et je m’assis dans le noir

Sur le rebord de la fenêtre ouverte

Derrière laquelle bruissaient les arbres.

28 septembre 2019

omelette bougie suinter écheveau

Nous étions aux États-Unis,

Dans une petite ville près de Boston,

En visite chez mon copain de fac

Qui vivait seul dans sa maison.


Il était marié et avait une fille.

Mais sa femme est partie juste après le dîner.

Elle avait l’air étrangement heureuse,


Alors que mon ami paraissait plutôt triste.

Il racontait que sa fille était reçue

À l’une des universités que compte Boston.


Nous dormîmes dans sa chambre

Décorée avec des images aux couleurs pastel.

Une bougie sculptée à moitié consumée

Était perchée sur l’étagère.


Le lendemain matin, je me réveillai avant tous —

L’habitude de l’heure de Paris

Se faisait encore sentir.


Je descendis dans la cuisine

Et commençai à chercher

De quoi préparer le petit déjeuner.


Dans le réfrigérateur, je ne trouvai que

Du lait et des œufs

Et je décidai d’en faire une omelette.


Nous étions en novembre.

Je sortis sur le seuil de la maison.

Un écureuil sautillait dans le jardin,


Un écheveau d’oies passait dans le ciel.

La matinée était brumeuse.

Les couleurs vives de l’automne américain.


Mon omelette fut un succès :

Tendre, onctueuse et légère.


Entre-temps, mon ami prépara du café.

La boisson noire suintait à travers le filtre

Remplissant la cuisine d’un arôme agréable et amer.


Pendant le petit déjeuner

Nous discutâmes, de façon animée et amicale,

De tout et de rien : travail, vacances, études.


Nous ne nous étions pas vus depuis des années ;

J’attendais qu’il dît enfin

Quelque chose de très important pour lui et pour moi.


Mais cela ne se produisit pas.

29 septembre 2019


lune ailes poussière voler

Nous avons marché de nuit le long de la route

Au retour d’un site d’excavation :

Ancien temple de la Victoire

Sur l’une des îles grecques.

Qu’avons-nous vu là-bas?

Des débris d’ailes

Qui ont terminé leur vol il y a longtemps

Et sont devenues poussière.


La pleine lune s’est levée sur la mer.

Je n’avais jamais vu une lune aussi brillante.

Une pinède nous entourait.

La mer comme un silex

Scintillait sous la lune.


Non !

La lune était encore plus brillante.

Quand nous avions traversé le Sinaï

Vers la montagne de Moïse à travers le désert,

À travers un paysage lunaire.

Le silex du désert étincelait,

Les bédouins caracolaient sur les chameaux.

Leurs silhouettes élancées

Se démarquaient sur le fond de la lune.

L’ascension avait duré environ deux heures

Et l’aube d’une nouvelle vie

S’était levée

Encore deux heures plus tard.

1 octobre 2019

extase imaginer enfant nuage

Je chattais sur mon smartphone avec mon fils

Qui me demanda de lui filer un peu d’argent.

Il était sombre comme un nuage.

Il disait qu’il lui fallait

Aller voir deux ou trois médecins.


« Quel genre de médecin? demandai-je. »


À contrecœur il avoua qu’il s’agissait

D’un gastro-entérologue et

D’un addictologue.


Ah bon.


Ce n’est pas facile d’imaginer votre enfant dire

Qu’il a besoin d’un addictologue,

Même si cet enfant frôle déjà la trentaine.


« Pourquoi un addictologue?

— Pas grand-chose, répondit-il.

— Comment s’appelle ce pas grand-chose?

— Ecstasy. »


C’est donc ça.


Honnêtement, je fus plutôt soulagé.

Un euphorisant de discothèque,

Sur l’échelle de la nocivité, il est inférieur à l’alcool.

À petite dose, il peut même être bénéfique,

Était-il écrit dans un article sur Internet.


Je fis un virement

Et me plongeai dans les souvenirs

Des péchés de ma propre jeunesse.


Puis, il n’en parla plus.

Deux ou trois fois je lui posai la question

À ce propos,

Mais il répondait : tout va bien.

Finalement, j’arrêtai de demander.


Jusqu’au jour où je reçus un appel des urgences.

1 octobre 2019

Paris oublier ciel rideau

Oublier que Paris

C’est l’humiliation, le chagrin, la honte, le travail éreintant.

Tirer les rideaux,

Fermer les yeux et rêver :


Paris est une ville

Où le ciel est bleu et haut,

Où l’air est rempli de fine poussière dorée,

Ville que l’on ressent comme un vêtement confortable,

Ville de beauté et de silence,

Ville de rivières, de parcs et d’oiseaux,

Ville des livres.

2 octobre 2019

vêtements quelqu’un rive porte

J’aime les endroits

Où l’on peut marcher sans vêtements.

Une rive déserte

Qui commence

Juste derrière la porte.


Ce pourrait être le rivage sablonneux

D’un petit ruisseau

Ou d’une grande rivière

D’un étang dans la forêt

Ou de l’océan Atlantique.


Et si sur un tel rivage

On rencontre quelqu’un

Et on lui parle

Alors cet échange

Serait une conversation au paradis.

3 octobre 2019

froid clôture nuit longer

Aujourd’hui je ne me souviens plus

Quelle était cette ville —

Kharkov ? Varsovie ?

Ou une autre

Métropole

À l’ouest de la Russie ?


Peut-être Vilnius.

Peut-être Lvov.


Je me souviens seulement qu’il faisait

Un froid sévère,

Inhabituel pour ces contrées-là

Même en hiver.


C’était en début de soirée,

Mais l’obscurité était déjà complète, noire,

Celle que l’on peut voir en Ukraine et en Pologne.

Je l’explique par une qualité spécifique de l’air

Et le fuseau horaire

Où il fait nuit très tôt.


Le tram longe la clôture du jardin de la ville.

Barres de fer massives toutes givrées,

Et derrière la clôture, des rangées d’arbres,

Leurs branches couvertes

De gelée blanche

Dans la lumière des réverbères.


Il me semble toujours

Que derrière ce souvenir

Glacé et muet

Doit se cacher une histoire.

Mais je n’arrive pas à en saisir

Ni le déroulement,

Ni les personnages.

3 octobre 2019

géographie totalement chanter trésor

Une chanson fut diffusée à la radio

Dans une langue qui m’était totalement inconnue.


Les mots de la chanson ne ressemblaient à rien.

On pouvait distinguer seulement

Des noms géographiques :

Angleterre, Amérique,

Australie, Afrique,

Et chaque couplet se concluait

Par un triste refrain :

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